Pourquoi s'allonger sur un divan ?
La position allongée sur le divan n'est pas obligatoire et il est tout à fait possible d'entamer un véritable travail analytique en restant en face à face. Ce sujet sera abordé lors des premiers entretiens.
On consulte un psychanalyste pour travailler sur soi à partir de l’exploration de l’inconscient. Ce travail de découverte n’est possible que si le moi conscient consent à s’absenter temporairement, pour laisser le champ libre à nos capacités de rêverie et d’imagination.
La position allongée facilite ce lâcher-prise. Elle permet un état de détente et de relaxation maximale, favorisant l’expression d’une parole libre, non soumise au jugement critique et à l’auto-censure.
Cependant, le patient ne s’allonge pas sur le divan dès la première séance. Les premiers entretiens, consacrés au repérage de sa problématique, se font en face à face. Le divan n’est utilisé que lorsque le travail analytique est réellement engagé. C’est-à-dire au moment, indéfinissable à l’avance, où l’on cesse de « bavarder », de formuler des plaintes, pour se mettre à décrypter ses mécanismes inconscients en analysant les images qui nous viennent spontanément, les pensées qui habitent nos silences, notre ressenti face à l’analyste, nos rêves …
Assis face à son interlocuteur, nous tendons à être sur nos gardes. Nous sommes tentés de chercher à plaire, à donner la meilleure image possible. Ce jeu de séduction, fort utile dans la conversation ordinaire, est un obstacle dans le cadre d’une psychanalyse. En effet, l’inconscient ne surgit que par surprise, lorsque nous cessons de contrôler nos propos et nos pensées.
D’autre part, entreprendre une psychanalyse ou une psychothérapie suppose une régression spatio-temporelle lors de laquelle nous revisitons nos souvenirs d’enfance, nos fantasmes les plus anciens. Freud constata vite que la position allongée nous renvoyait plus facilement au temps de l’enfance, être couché étant la position privilégiée du tout petit enfant, incapable de contrôler efficacement sa musculature. En somme, le patient allongé sur le divan renoue avec son statut d’enfant dépendant de ses parents.
Notons que le psychanalyste est assis derrière le divan, le patient est ainsi seul avec lui-même. Cette solitude le met à l’abri du jugement qu’il pourrait avoir l’impression de déchiffrer dans les yeux du thérapeute. L’absence de regard libère. Toutefois, elle est susceptible d’être pesante, dans certaines phases où il doute de lui. Si le malaise est profond, au point d’empêcher le travail, l’analyste peut inviter temporairement le patient à s’assoir et à poursuivre la séance en face à face. Car si le regard constitue un obstacle à la libre expression de l’inconscient, il constitue en revanche un solide appui pour le moi conscient, il désangoisse, rassure.